Lors d’une interview accordée à RFI, le mardi 24 décembre dernier, Fred Bauma, éminent analyste de la politique congolaise, militant des droits de l’homme et Senior Fellow au Centre international de coopération (CIC) de l’Université de New York, a affirmé que l’Ouganda joue un rôle dissimulé dans le soutien au mouvement rebelle M23.
Un soutien suggéré par des tweets controversés
Fred Bauma a d’abord évoqué le tweet du chef de l’armée ougandaise, Muhoozi Kainerugaba, fils aîné du président Yoweri Museveni, dans lequel celui-ci menaçait de s’en prendre à « tous les mercenaires étrangers ». Bauma a insisté sur le fait que ces propos ne doivent pas être pris à la légère.
« Il faut voir cela au-delà d’un simple tweet. Le chef de l’armée ougandaise est connu pour une série de déclarations régulières, souvent publiées en fin de semaine, qui sont menaçantes non seulement pour la RDC, mais aussi pour d’autres pays, comme le Kenya ou récemment le Soudan », a-t-il expliqué.
Selon lui, l’absence fréquente de démentis de la part du gouvernement ougandais, dirigé par le président Museveni, est préoccupante :
« Ces tweets, qui reflètent probablement des opinions réelles, ne sont contredits par les autorités ougandaises que lorsqu’il y a des protestations, comme celles du gouvernement congolais ou du gouvernement kenyan. Cela renforce les soupçons et oblige à les prendre au sérieux », a-t-il ajouté.
Proximité avec le Rwanda et le M23
Fred Bauma a également souligné les liens étroits entre Muhoozi Kainerugaba et le président rwandais Paul Kagame, lui-même accusé d’être un acteur clé des violences dans l’Est de la RDC.
« Il est proche de Paul Kagame. En tout cas, il proclame publiquement cette proximité. On le cite également parmi les personnalités ougandaises qui auraient facilité la prise de Bunagana par le M23 », a affirmé Bauma.
Un soutien dénoncé dans un rapport de l’ONU
Abordant le soutien direct présumé de l’Ouganda au M23, Bauma a fait référence au dernier rapport de l’ONU, qui accuse l’Ouganda de contribuer à ce soutien par divers moyens.
« Certaines personnes proches de Muhoozi facilitent des rencontres diplomatiques pour le M23 dans la région. De plus, l’Ouganda sert de point de passage pour les responsables du M23 et de l’AFC qui souhaitent participer à des réunions régionales », a-t-il précisé.
Cependant, il a également noté que ces accusations sont fermement démenties par les autorités ougandaises, qui rejettent tout lien avec le groupe rebelle.
